| | | Pascal MORA est né le 12 décembre 1962. Il est poète et traducteur. Il participe à des lectures de poésie en France et à l’étranger : en Argentine, en Espagne, au Mexique. Il œuvre à un Café-poésie à la médiathèque Luxembourg de Meaux. Cette rencontre mensuelle est un moment de partage poétique consacré à la lecture à voix haute. Il pilote un site dédié à la poésie : Voyages dans la clairière http://www.clairiere.net/ . Il est membre de la rédaction de Poésie première. Par ailleurs, il enseigne le français et l’histoire-géographie dans un centre de formation des Compagnons du tour de France. Le concours Poésie en liberté est l’occasion d’accompagner les apprentis vers l’écriture poétique. Ils y ont obtenu plusieurs prix depuis 2015. Pascal Mora a pour but de partager la poésie dans les lieux de vie collective : école, foyer, lycée, médiathèque, maison de retraite, prison. Il s’intéresse à l’image donc aux poésimages, poèmes en surimpression sur des photos. L’expression poétique par le canal de l’image fait partie de ses projets. Il est diplômé du Cnam en ingénierie de la formation, il a passé un master en sciences de l’éducation après une maîtrise de lettres modernes, une licence en droit et une licence d’espagnol et de portugais. Poésie : - Feuilles du chemin (Encres Vives, 2009)
- Etoile nomade (L’Harmattan 2011)
- Paroles des forêts (Unicité 2015)
- Ce lieu sera notre feu (Unicité 2018) prix du salon de Rambouillet
- Lisières d’instants (Unicité 2021)
Coordinateur de l’anthologie poétique franco-argentine Villes / Ciudades (Unicité 2021) Coordinateur du dossier sur la géopoétique pour la revue Poésie première(n°82) Anthologies : Anthologie 1991-2011 (Le Nouvel athanor des poètes, 2012 ) – Alexandrina Anthologie sur la ville d’Alexandrie préparée par Mona Gamal El Dine ( Éditions Unicité 2021) – Oír ese rio (Esteban Charpentier et Robert Max Steenkist 2018) Vidéo : Leyendo poesia en casa Anamaria Mayol https://www.youtube.com/user/mayolanita Revues de poésie : Arpa- Les Cahiers du sens - Comme en Poésie – Décharges- Friches - Inédit - Jointures - L’Hôte - Mange-monde - Multiples – Portulan bleu- Recours au poème - Traction brabant – Verso Revues généralistes : Compagnons et maîtres-d’œuvre - Expliciter - Rebelle(s) mag Revues de langue espagnole : Revista – Los escribas- Página de Juan Lopez Carrillo - Otro Paramo- Poesía esencial Revue en ligne de langue française : Frontiberia François Lassabe http://frontiberia.blogspot.com/2017/05/?m=0 Page Paysage Étienne Ruhaud https://pagepaysage.wordpress.com/author/etienneruhaud/ Membre de la Maison des écrivains et de la littérature https://www.m-e-l.fr/pascal-mora,ec,1299 – Référencé sur La poéthèque du Printemps des poètes https://www.printempsdespoetes.com/Pascal-Mora - Membre de l’Institut international de géopoétique – Membre de l’Union des poètes | | | | | | | | | | | | | | | | | | A chaque orient De commencement en commencement, Sans éluder la fièvre La beauté t’accompagne. Amie lumineuse, Elle infuse l’émotion Qui nourrit ta joie. | | | Voyages dans la clairière Pascal Mora Caminando se hace el camino Le chemin se fait en cheminant (Jean de la Croix) L’air à peine froissé Par un chuchotis de vent D’oiseau ou de source. (Patrick Lannes extrait de Reconnaissances Editions ANDAS 2007) Mon cor l’auratge de la lutz Que vaga a cèrcs de martinets deu ser E destronca l’auratge de l’aur Mon cœur et mon orage de lumière Errante aux cercles des martinets du soir Renversant l’orage de l’or (Bernard Manciet extrait de L’Enterrament a Sabres Editions Mollat 1996 ) | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | Premier jour Méditer A l'heure du pardon Sur les marches Des églises d'Orient Aux arcs brisés. Présence, Plénitude et détachement. Sommet de l'instant, Vaste ciel du présent. Ici, je viens de naître, Sans histoire ni avenir Ici, je viens de naître Sans joie ni tristesse En vérité. Mon nom importe peu En ce monde de rues cachées Et de portes dérobées Je me connais sans frontières, Je vois tout, Je suis toute vie. Je suis la forêt océane Qui épanche sa résine Dans l'Atlantique étale. Je suis le coquillage Dans l'onde ourlée D'écume réversible Je suis le dauphin plongeant Dans un soleil d'éclaboussures. Je suis tous les âges, Le nouveau-né, l'enfant, Le jeune homme, Le père et le grand-père. Ailleurs fort de silence. Sur mon front Une pluie précieuse Perle Des fines branches. Je viens calligraphier A l’aide d’une encre enchantée Les notes indociles scandées Entre les battements de paupières De l'éternité. Intervalle infini et éphémère De vie Mort Vie. | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | Les marées du silence Les Glénan, Molène, Ouessant Se souviennent des comètes Lancées à toute mer Comme cieux abattus En archipels, Paradis éperdus de récifs Et de rives corsaires Qui veillent sur l'exil Des trésors. Les îles Sont des légendes Soustraites Au ressac des continents. Une espérance ultramarine Elève le verbe Des enfants et des marins Dans le havre Des rêves nacrés. La barque effilée Comme un rostre d'espadon Croise Un essor de goélands Aux ailes d'écume Brûlant Les horloges de sel De la lenteur. Les marées du silence? Elles émergent des abysses Pour se projeter Sur les falaises Amarrées au rivage, Et sur les monolithes De la plage Qui cherchent le large Depuis des siècles. Parfois La nuit sur l'île Parle la pluie Et les sternes arctiques S'élèvent en cherchant Les haubans fortuits de la nuit. | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | Lisbonne En été là-bas Les bons alizés Poussent les flâneurs Le long du Tage , Comme voiles perdues Dans la mémoire du paysage. Et les maisons blanches dérivent Sur l 'horizon pourpre Des bougainvillées. Le pain du midi Est un sourire Sans arrière-pensée. Dans les bras de l'ombre, Je vis inondé de linge frais. Des perles d'eau De lilas, D'eau de lavande Me baignent le front. Joie d'être vivant, Passions absentes. Je contemple La lumière en robe irisée Glissant sur les pavés. Les azulejos de Sao Jorge, Simple alchimie de vagues bleues Et de pierres d'écume, Ressemblent à l'océan Couvert de poissons volants. Alors , Ecouter les couleurs De la vie lente, La danse éternelle Des âmes qui s'écoulent Par les interstices Du pavé. Brise abondante du soir Où glisser sa nage Pour une brassée De pierres précieuses. | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | Vézelay Respirer La prière des chemins, Gravir la colline Par les rues circulaires. Parcourir Le grand moyen - âge De pierre Sous l'épée bleue Du matin. Saluer les arcades, Franchir les ponts. Et les voies qui s'élèvent En résonnant Comme des harpes De hasard accordées Aux portails Des maisons évasées. Voici le sourire vagabond Du marché. Fleurs, fruits , aromates Dévalés de la rivière Aux saveurs. Voici les marches. Elles tendent leurs bras A l'impatiente fatigue Des fins de route. Voici le parvis. Comme un feu blanc. En son centre Brûle la chandelle du Morvan, La cathédrale de Vézelay. Elle n'est pas Un joyau violent, Plutôt un havre Qui couronne la colline Et contemple La roue des saisons. Le tympan du seuil Regarde le levant. Le Christ Ouvre le passage Vers la lumière du silence, Le cœur rayonnant du Vivant Qui irrigue tout l’édifice. Puis le narthex Comme un repos Où l'âme se délivre du temps. En moi S'assemblent les lettres Des prières, Comme perles de mémoire Que dépose L'onde des rivières souterraines La nef, Vaisseau du pèlerinage vertical Suit son cap occidental. En haut des colonnes Le grand livre sculpté Des prophètes, Des bâtisseurs, Des bêtes alchimiques, Des végétaux magiques, Des destins paysans Plus forts Que les froides oraisons. La procession innombrable Attise l'incendie hivernal. Mais les eaux de mars Affluent dans ce delta D'images-formes, Evanescences Incessamment renaissantes. Elles m'invitent A poursuivre mon chemin Vers l'église originelle La forêt bruissant De frênes, De fontaines et de huttes. | | | | | | | | | | | | Des quatre vents C’est l’heure des feuilles De pierre sèche. A la croix des routes Issues des quatre vents, Il y a les jappements des chiens Qui s’appellent De place en place, Et jamais n’apparaissent. Au détour du chemin, L'église me vient En une ocre enjambée De toits. Au faîte du clocher Un coq tourne les pages Du zodiaque Sous le vitrail Des quatre saisons. Dans une venelle médiévale, Sur la vitrine embuée De "la boutique aux simples", Un doigt a calligraphié Un nom, un amour. A travers ce jour alphabétique On entrevoit le jardin d’enfance, Grâce d’être Illuminée par toute vie A son été. Alors, Qu'est-ce que le pur aujourd'hui? C’est de l'ambroisie Puisée dans l’azur, Un pré vert tremblant Sous les eaux sacrées Du mai nouveau . C’est la contemplation fraternelle des hommes de pluie Et de bruyère, Et des bêtes sensitives C'est la mélancolie Des fossés remplis De l’eau d'antan, Tapissés d’algues Ondoyantes Et suaves Comme les fleurs Dans les cheveux Des mariées sous juillet. | | | | | | | | | | | | | | | Autre temps Or, Sur sa palette La saison dilue Tous les paysages de murs fanés, De logis déserts Et de cieux ondoyants. Reste Un village abandonné Par ses âmes Reparties de l’autre côté Des pendules Et des calendriers. Sur les portails, Des archipels de rouille Dessinent des yeux Pailletés de sombre Solitude solaire . Lieu sans retour. Les merles des rues Et ceux des toits Y sifflent sous des oriflammes Oubliés par le vent du siècle. La place. L’ histoire du bourg me revient, La moisson des paroles, Le martèlement des fers Autrefois les marchés, Aujourd’hui les marches silencieuses De la maison fertile. Y demeurent encore Une pêche et des roses à cueillir Pour éclairer le chemin. Instant altier. Au centre de la promenade Où je me tiens, Sous l’ auvent D’un arbre aux racines nomades M’apparaît l’essence princière De toute chose, de tout être, En sa frêle félicité. | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | Salut au soleil La marche Est quête d'un estuaire, D'une vallée versant Dans l'océan. Le marcheur, lui, écoute L'œil de la source. Il est éveil Elan de fleuve Au jarret tendu Vers le feu sombre De l'arène. Il fait midi Sur le sentier lent, Forêt d'éternité Où L'ombre s' épuise Dans l'écheveau De la lumière. La brise Agite le songe vert, Les membranes translucides Des feuilles, Des fleurs, Des oiseaux. Drapé D'un ciel plus bas Bleuté de nervures Qui font chatoyer L'amitié du jour. Le marcheur respire Son vertige d'air libre, Souffle vers le dedans Comme regard intérieur. Et clarté De la droite cascade, Cette flèche Empennée du torrent, Qui anime la matière. Quand l'invisible Affleure la surface A la croisée des mondes, Le marcheur ploie Comme un roseau Sève qui monte, Et qui descend. | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | Août Arrêt sur août Aveuglant toute parole, Montée Dans la garrigue superbe Par l’unique voie clarté. Le legs de blancheur D’un soleil funèbre Fait éclater Tous les sarments de pierre, Tandis que le torrent Se fait mirage ténu Espérant Les fragments de l’orage. | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | Mélodie du monde Le pays d’été Buissonne de grillons. Leurs grésillements Se mêlent à la mélodie Du monde, Cette respiration Qui réunit les espaces. Tu le sais, Au cœur du champ commun Il y a une forêt Dont partager le souffle Et l’oraison silencieuse. | | | | | | | | | | | | | | | | | | Entre les jardins Sur la grève du levant, Le sommeil au jusant M’abandonne un gréement, Immédiat ciel outremer Enluminé d’onyx fauve. Je pousse la porte des jardins. Adornés de primevères Et de pervenches, Elles sourient au frais dehors. Par le ru des prés, Je dévale une arabesque De chèvrefeuille et de jasmin. Les œillets humides Comme bel œil de femme Me frôlent le visage. L'envie d'envol du flâneur Croise le chant léger du rossignol, La course parfaite Des lièvres et des chevreuils. La foudre du silence Comme l'automne s'attarde Sur les jours qui s'amenuisent, Les tempêtes saccagent Les joyaux des prés Et des forêts. Voie des pas sonores. Passés les fers des chevaux Sous la voûte, Le baume du silence Pénètre la scorie des mots, Et les nuées de feuilles Les emportent Dans la virevolte du regard, Vers le territoire rapace, Ce faîte de chêne Où veille le chasseur. | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | Bienvenue sur le site de Pascal Mora consacré à la photo et à la poésie ! J’ai réalisé les poèmes, les photos de la page d'accueil et la mise en page du site. L’idée est de faire dialoguer le texte et l’image. J’ai publié dans différentes revues poétiques : Arpa, les Cahiers du Sens 2008 et 2009, Décharges, Comme en Poésie, Friches, Inédit, Jointure, Multiples, la Porte des Poètes. J'ai publié un recueil en 2009 : "Feuilles du chemin" (Encres vives n° 364). Nouvelle rubrique de poésimage : Grains de houle. Vous lirez désormais des poèmes de Bernard Grasset et Patrick Lannespoètes de grand talent. Pèir Mora , auteur confirmé trouve également leur place dans ce site : découvrez-le. Je suis intéressé par des échanges de liens ou bannières avec des sites poétiques , artistiques . Laissez un message à la page "contact" | | | | | | | | | | | | | | | A chaque orient De commencement en commencement, Sans éluder la fièvre La beauté t’accompagne. Amie lumineuse, Elle infuse l’émotion Qui nourrit ta joie. | | | Voyages dans la clairière Pascal Mora Caminando se hace el camino Le chemin se fait en cheminant (Jean de la Croix) L’air à peine froissé Par un chuchotis de vent D’oiseau ou de source. (Patrick Lannes extrait de Reconnaissances Editions ANDAS 2007) Mon cor l’auratge de la lutz Que vaga a cèrcs de martinets deu ser E destronca l’auratge de l’aur Mon cœur et mon orage de lumière Errante aux cercles des martinets du soir Renversant l’orage de l’or (Bernard Manciet extrait de L’Enterrament a Sabres Editions Mollat 1996 ) | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | Premier jour Méditer A l'heure du pardon Sur les marches Des églises d'Orient Aux arcs brisés. Présence, Plénitude et détachement. Sommet de l'instant, Vaste ciel du présent. Ici, je viens de naître, Sans histoire ni avenir Ici, je viens de naître Sans joie ni tristesse En vérité. Mon nom importe peu En ce monde de rues cachées Et de portes dérobées Je me connais sans frontières, Je vois tout, Je suis toute vie. Je suis la forêt océane Qui épanche sa résine Dans l'Atlantique étale. Je suis le coquillage Dans l'onde ourlée D'écume réversible Je suis le dauphin plongeant Dans un soleil d'éclaboussures. Je suis tous les âges, Le nouveau-né, l'enfant, Le jeune homme, Le père et le grand-père. Ailleurs fort de silence. Sur mon front Une pluie précieuse Perle Des fines branches. Je viens calligraphier A l’aide d’une encre enchantée Les notes indociles scandées Entre les battements de paupières De l'éternité. Intervalle infini et éphémère De vie Mort Vie. | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | Les marées du silence Les Glénan, Molène, Ouessant Se souviennent des comètes Lancées à toute mer Comme cieux abattus En archipels, Paradis éperdus de récifs Et de rives corsaires Qui veillent sur l'exil Des trésors. Les îles Sont des légendes Soustraites Au ressac des continents. Une espérance ultramarine Elève le verbe Des enfants et des marins Dans le havre Des rêves nacrés. La barque effilée Comme un rostre d'espadon Croise Un essor de goélands Aux ailes d'écume Brûlant Les horloges de sel De la lenteur. Les marées du silence? Elles émergent des abysses Pour se projeter Sur les falaises Amarrées au rivage, Et sur les monolithes De la plage Qui cherchent le large Depuis des siècles. Parfois La nuit sur l'île Parle la pluie Et les sternes arctiques S'élèvent en cherchant Les haubans fortuits de la nuit. | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | Lisbonne En été là-bas Les bons alizés Poussent les flâneurs Le long du Tage , Comme voiles perdues Dans la mémoire du paysage. Et les maisons blanches dérivent Sur l 'horizon pourpre Des bougainvillées. Le pain du midi Est un sourire Sans arrière-pensée. Dans les bras de l'ombre, Je vis inondé de linge frais. Des perles d'eau De lilas, D'eau de lavande Me baignent le front. Joie d'être vivant, Passions absentes. Je contemple La lumière en robe irisée Glissant sur les pavés. Les azulejos de Sao Jorge, Simple alchimie de vagues bleues Et de pierres d'écume, Ressemblent à l'océan Couvert de poissons volants. Alors , Ecouter les couleurs De la vie lente, La danse éternelle Des âmes qui s'écoulent Par les interstices Du pavé. Brise abondante du soir Où glisser sa nage Pour une brassée De pierres précieuses. | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | Vézelay Respirer La prière des chemins, Gravir la colline Par les rues circulaires. Parcourir Le grand moyen - âge De pierre Sous l'épée bleue Du matin. Saluer les arcades, Franchir les ponts. Et les voies qui s'élèvent En résonnant Comme des harpes De hasard accordées Aux portails Des maisons évasées. Voici le sourire vagabond Du marché. Fleurs, fruits , aromates Dévalés de la rivière Aux saveurs. Voici les marches. Elles tendent leurs bras A l'impatiente fatigue Des fins de route. Voici le parvis. Comme un feu blanc. En son centre Brûle la chandelle du Morvan, La cathédrale de Vézelay. Elle n'est pas Un joyau violent, Plutôt un havre Qui couronne la colline Et contemple La roue des saisons. Le tympan du seuil Regarde le levant. Le Christ Ouvre le passage Vers la lumière du silence, Le cœur rayonnant du Vivant Qui irrigue tout l’édifice. Puis le narthex Comme un repos Où l'âme se délivre du temps. En moi S'assemblent les lettres Des prières, Comme perles de mémoire Que dépose L'onde des rivières souterraines La nef, Vaisseau du pèlerinage vertical Suit son cap occidental. En haut des colonnes Le grand livre sculpté Des prophètes, Des bâtisseurs, Des bêtes alchimiques, Des végétaux magiques, Des destins paysans Plus forts Que les froides oraisons. La procession innombrable Attise l'incendie hivernal. Mais les eaux de mars Affluent dans ce delta D'images-formes, Evanescences Incessamment renaissantes. Elles m'invitent A poursuivre mon chemin Vers l'église originelle La forêt bruissant De frênes, De fontaines et de huttes. | | | | | | | | | | | | Des quatre vents C’est l’heure des feuilles De pierre sèche. A la croix des routes Issues des quatre vents, Il y a les jappements des chiens Qui s’appellent De place en place, Et jamais n’apparaissent. Au détour du chemin, L'église me vient En une ocre enjambée De toits. Au faîte du clocher Un coq tourne les pages Du zodiaque Sous le vitrail Des quatre saisons. Dans une venelle médiévale, Sur la vitrine embuée De "la boutique aux simples", Un doigt a calligraphié Un nom, un amour. A travers ce jour alphabétique On entrevoit le jardin d’enfance, Grâce d’être Illuminée par toute vie A son été. Alors, Qu'est-ce que le pur aujourd'hui? C’est de l'ambroisie Puisée dans l’azur, Un pré vert tremblant Sous les eaux sacrées Du mai nouveau . C’est la contemplation fraternelle des hommes de pluie Et de bruyère, Et des bêtes sensitives C'est la mélancolie Des fossés remplis De l’eau d'antan, Tapissés d’algues Ondoyantes Et suaves Comme les fleurs Dans les cheveux Des mariées sous juillet. | | | | | | | | | | | | | | | Autre temps Or, Sur sa palette La saison dilue Tous les paysages de murs fanés, De logis déserts Et de cieux ondoyants. Reste Un village abandonné Par ses âmes Reparties de l’autre côté Des pendules Et des calendriers. Sur les portails, Des archipels de rouille Dessinent des yeux Pailletés de sombre Solitude solaire . Lieu sans retour. Les merles des rues Et ceux des toits Y sifflent sous des oriflammes Oubliés par le vent du siècle. La place. L’ histoire du bourg me revient, La moisson des paroles, Le martèlement des fers Autrefois les marchés, Aujourd’hui les marches silencieuses De la maison fertile. Y demeurent encore Une pêche et des roses à cueillir Pour éclairer le chemin. Instant altier. Au centre de la promenade Où je me tiens, Sous l’ auvent D’un arbre aux racines nomades M’apparaît l’essence princière De toute chose, de tout être, En sa frêle félicité. | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | Salut au soleil La marche Est quête d'un estuaire, D'une vallée versant Dans l'océan. Le marcheur, lui, écoute L'œil de la source. Il est éveil Elan de fleuve Au jarret tendu Vers le feu sombre De l'arène. Il fait midi Sur le sentier lent, Forêt d'éternité Où L'ombre s' épuise Dans l'écheveau De la lumière. La brise Agite le songe vert, Les membranes translucides Des feuilles, Des fleurs, Des oiseaux. Drapé D'un ciel plus bas Bleuté de nervures Qui font chatoyer L'amitié du jour. Le marcheur respire Son vertige d'air libre, Souffle vers le dedans Comme regard intérieur. Et clarté De la droite cascade, Cette flèche Empennée du torrent, Qui anime la matière. Quand l'invisible Affleure la surface A la croisée des mondes, Le marcheur ploie Comme un roseau Sève qui monte, Et qui descend. | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | Août Arrêt sur août Aveuglant toute parole, Montée Dans la garrigue superbe Par l’unique voie clarté. Le legs de blancheur D’un soleil funèbre Fait éclater Tous les sarments de pierre, Tandis que le torrent Se fait mirage ténu Espérant Les fragments de l’orage. | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | Mélodie du monde Le pays d’été Buissonne de grillons. Leurs grésillements Se mêlent à la mélodie Du monde, Cette respiration Qui réunit les espaces. Tu le sais, Au cœur du champ commun Il y a une forêt Dont partager le souffle Et l’oraison silencieuse. | | | | | | | | | | | | | | | | | | Entre les jardins Sur la grève du levant, Le sommeil au jusant M’abandonne un gréement, Immédiat ciel outremer Enluminé d’onyx fauve. Je pousse la porte des jardins. Adornés de primevères Et de pervenches, Elles sourient au frais dehors. Par le ru des prés, Je dévale une arabesque De chèvrefeuille et de jasmin. Les œillets humides Comme bel œil de femme Me frôlent le visage. L'envie d'envol du flâneur Croise le chant léger du rossignol, La course parfaite Des lièvres et des chevreuils. La foudre du silence Comme l'automne s'attarde Sur les jours qui s'amenuisent, Les tempêtes saccagent Les joyaux des prés Et des forêts. Voie des pas sonores. Passés les fers des chevaux Sous la voûte, Le baume du silence Pénètre la scorie des mots, Et les nuées de feuilles Les emportent Dans la virevolte du regard, Vers le territoire rapace, Ce faîte de chêne Où veille le chasseur. | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |