Patrick Lannes est né en 1954 à Rabat. Ses origines bretonnes et catalanes l'ont amené à vivre en Pays de Loire (St-Nazaire et Nantes) et en Roussillon (Région du Vallespir). La photographie, qu'il pratique d'instinct comme la saisie d'une esthétique momentanée et singulière, accompagne sa poésie depuis déjà plusieurs années. Il a fait des études d'histoire de l'Art et exerce le métier de bibliothécaire.
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T O I
O U L E S M O T S I N F I N I S
- Poème -
Pour B Cette trace alphabétique De notre histoire.
I
Elle a des silences évanouis aux paupières Et ses yeux à l’érosion, ferment Leurs dernières fenêtres de regards perdus
Bientôt ce sera l’ultime fraîcheur D’une vallée de rêves écorchés Qui se noiera aux frontières de ses joues
Je n’ai pas bien su étudier le grand voyage De son visage infini Et la géographie limpide de sa peau Est demeurée mystère de grottes inexplorées Et de profondeurs insondables A mon premier regard d’homme émerveillé
II
Elle a des cris étonnés Autour de ses bras d’horizons surpris Et ses mains dans les représailles du soleil Qui s’enfouit à un de mes gestes de nuage, Ses mains délaissent leurs dernières éclaircies Encore tièdes Dans le ciel incertain de ma paume humide
Bientôt ce seront des silhouettes de jonquilles Qui dériveront arrachées Aux ruisseaux de ses doigts
Je n’ai pas bien su respirer La grande plaine de ses membres éclos Et le parfum de sa peau n’a pas eu Une corolle d’eau de ma force Pour éviter le vent d’ouest Sur la côte rocheuse De mon premier refus d’homme éveillé.
Elle a des forêts brisées au tableau De ses cheveux Et ses mèches griffées de feux blonds et brefs Offrent à la froideur de mon front La nature chaude de sa tête apaisée
D’une couleur Que je n’ai pas su déposer J’ai cassé les clairières blanches De sa déclinaison à ma tête lointaine
Bientôt ce sera le paysage inconnu De sa chevelure Qui basculera dans la gomme d’un soir Et l’art de sa tête mourra au message De ma première hésitation d’homme.
Elle a des soupirs en pluie aux écluses De ses lèvres entr’ouvertes Et des bateaux mouillés de baisers solitaires Attendent que le port de mon visage Soit désert un dimanche Pour laisser s’y évader Leur mauvais temps d’impatience Et y accoster leur amour à ma peau fiévreuse
Bientôt dès que la vague de l’étreinte jaillira Ses épaules plongeront au courant de la fugue Et sur le sable sec de ses lèvres De mes bras étourdis de colère L’aveu le plus nouveau naufragera.
IV
L’étranger pourrait être moi-même Dans ses jours les plus tristes de pain mouillé. Moi je ne sais pas sourire de lumière Jusqu’à son ombre fugitive.
A la lisière de nos rencontres Chacun a son fusil en sentinelle Et si au couvre-feu de nos cœurs Nous voulons briser l’état de siège En fuyant de nos erreurs, Il faut que l’un de nous Sache le mot de passe Le mot qui vivra par la voix d’un enfant.
V
Elle a des chemins de fraises Au bois de sa bouche Et pour un fruit mûr Comme l’océan le plus agité de ses bras Je vais me jeter contre sa peau
J’aurai pour son soleil épanoui La tête en verger Les mains nouées de blé et d’alouettes Le corps ébréché par toute sa folie Le coeur qui bat la campagne…
VI
Et puis le jour hermétique qui mourut Dans toutes nos paroles otages Tous nos mots infirmes Tous nos regards inavoués Tous nos silences envoyés sur le front Tous nos désirs agrippés au repas commun Tous nos secrets éparpillés Dans les souffles de la pièce Tous nos gestes amarrés aux poignées De portes et du buffet
Tous nos combats en somme Creusés en nous-même. Tous nos paysages de nature sauvage Et délaissés dans chaque minute d’inquiétude.
VII
Le jour hermétique Dont nous ne comprenions pas La lumière et le temps L’air et le ciel
Le jour hermétique de nos deux silhouettes Est mort à mesure que ce fut sept heures Que le pain coupé vivait dans nos mains Que les assiettes mises invitaient notre confiance Que les verres étaient d’eau ou de vin Et que chauffait dans la poêle Ce qui rapprocherait notre faim Notre soirée de bruits ininterrompus…
VIII
Toi mon amour tu veux grimper Les rochers de ma vie Parce que pierre, je ne sais effriter Mes paysages les plus inaccessibles
Et si pour venir aux plus beaux silences De tes paupières Il faut me blesser A chaque lettre de ton prénom, Je t’aime en poème en toi-même Et à jamais je te veux confondue Toi et ton amour Avec les mots infinis qui hantent Chaque détour de ma vie
Et je ne pourrais plus désormais Cesser de t’écrire Aux fleuves les plus puissants Qui te chavirent à mon esprit d’homme, Mot après mot.
A Saint - Nazaire, 1976 .
* Ce poème a fait l’objet d’un petit recueil publié en 2007. Pour toute commande adresser vos coordonnées à : toioulesmots.infinis@laposte.net. Paiement à réception par chèque de 10 € (port + emballage) à l’ordre de Patrick Lannes.
COMME UN SILENCE DANS UN SOUFFLE
- Extraits -
(Recueil paru aux Editions ZURFLUH / LES CAHIERSBLEUS)
THEME CENTRAL :
. Poésie et musique
QUELQUES AUTRES THEMES :
. Franz Schubert . L’amour des livres . La mort d’un père . Le sud . L’enfance . La femme
I POESIE ET MUSIQUE Piano et violon
Alors piano et violon S’unissent Dans une même patience répétitive et désenchantée…
Se séparent Chacun tour à tour davantage perceptible Osant élever la note jusqu’à une langueur insoumise… Et belle de le rester.
Se rapprochent et se répondent Par petites percées de confidences caressantes… Qui finiront par ne plus qu’effleurer Le chuchotis mourant du silence
(extrait de : Silencieuse blessure)
II
FRANZ SCHUBERT
Notes de première neige
Sonates pures de Schubert : Notes de première neige vous frémissez Puis dans le final s’adoucissent… comme un murmure jusqu’au dernier son ouaté s’éclipse enfin à l’intérieur de nos discrètes blessures.
(extrait de : Silencieuse blessure)
III
L’AMOUR DES LIVRES
Une rumeur extérieure
(extrait)
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